Encore plus fort que Shazam !
Un morceau inconnu passe à la radio ? Hop ! On dégaine son mobile et l’appli Shazam. Au bout d’une dizaine de secondes, l’appli révèle le titre mystérieux et son interprète.
Pour parvenir à cette prouesse, le service utilise une gigantesque bibliothèque de plus de 35 millions de titres musicaux. Mais l’appli Shazam est plus bête qu’elle n’en a l’air : elle ne reconnaît que le contenu de sa bibliothèque. Que le morceau soit une reprise non répertoriée, qu’il s’agisse d’une version en live inconnue, et elle est incapable de reconnaître le titre. Ni de remarquer qu’il ressemble énormément à un autre morceau de sa bibliothèque !
Et pourtant, à l’oreille, même une personne qui n’est pas musicienne est capable de reconnaître une mélodie un peu transformée.
Un jeu de blocs
Alors, pourquoi pas nos ordinateurs ? Mathieu Giraud, chercheur en informatique musicale, souhaite justement leur “faire comprendre la musique”. Son but : que nos ordinateurs soient capables d’associer deux morceaux légèrement différents ou de détecter les apparitions du refrain dans une chanson.
Comment s’y prend-on alors ? “On cherche à faire trouver à l’ordinateur les différents blocs qui composent le morceau”, explique Mathieu Giraud.
L’ordinateur découpe la partition en petites séquences de notes. Il les compare ensuite entre elles et leur attribue un score de similitude. Celui-ci prend en compte les variations possibles, comme la transformation d’une noire en deux croches ou le changement de gamme.
A chaque style, ses règles
Tout l’art de la programmation consiste à fournir à l’ordinateur des règles pertinentes grâce auxquelles il va détecter les «motifs» musicaux intéressants et retrouver la structure du morceau. Bien entendu, les règles dépendent du style musical : une chanson de Katy Perry est construite différemment d’une fugue de musique classique, aux règles précises, ou d’un morceau de jazz, où l’improvisation tient une place importante.
Cette approche informatique est une nouvelle manière d’aborder la musique : “l’outil numérique nous permet de redécouvrir notre héritage culturel”, témoigne Mathieu.
“Pour apprendre à l’ordinateur à comprendre la musique, nous devons nous-même la comprendre.” L’intérêt est aussi pratique. “Le patrimoine musical devient beaucoup trop vaste pour que l’on puisse tout écouter, même dans un registre précis. L’informatique doit permettre de nous y retrouver plus facilement, de déterminer ce qui semble intéressant, de résumer automatiquement un morceau en reprenant ses principales caractéristiques, de me recommander des titres en fonction de ce que j’écoute.”
Et le jour où l’ordinateur y parviendra, notre écoute de la musique ne sera plus la même qu’aujourd’hui.
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